Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/170

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ces de terroir et sur le légendaire orgueil séparatiste des Provençaux. Ah ! se retirer là-bas dans le bastidon, sur la côte, y semer des aulx, y battre la brandade, y élever le porc et les poules, et vivre là jusqu’à mourir, « sans homme », tel était le rêve du petit singe. L’arrondissement de sa pelote lui eût permis de le réaliser plus d’une fois, car la place était bonne entre les meilleures, mais toujours, au moment du départ, la « tuile » tombait dans le potage. Incapable de résister au moindre béguin, la patronne y usait tous les protecteurs. Du sein ouaté de l’opulence, on retombait aux maigres bras de la dèche, et Pepetta grinçait en se grattant les crins : « Madame vient encore de perdre sa position ! » Et elle vidait sa réserve sur les genoux de Géraldine, le seul être humain qu’elle aimât. Hélas ! le pauvre bastidon « sans homme », quand y battrait-elle la brandade ?

Or, c’était le temps où Tacoman V, futur roi de Chaonie, n’était encore que le prince Omar, dit prince Écrevisse dans les revues de fin d’année — on devine aisément pourquoi si on en a vu une — et étudiait chez nous cet art de connaître les hommes dont la base est le noctambulisme. Au cours de ses libres recherches,