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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/189

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cent mille francs. Le grand-père y ajoutait un présent de noces de cent mille livres. Le tout, en cas de veuvage, restait au survivant du couple, y eût-il ou n’y eût-il pas d’enfants, en toute propriété, par contrat. En outre, il y avait les espérances, c’est-à-dire la fortune du comte. Elle devait, à sa mort, arrondir du million le portefeuille du ménage.

— Or, je vais avoir mes quatre-vingts ans, monsieur, dit-il à Philibert, avec un beau geste de talon rouge, vous n’aurez donc que peu de temps à attendre, j’espère.

C’était ce mariage que les journaux girondins publiaient, avec ou sans commentaires, dans la stupeur universelle. Il eut lieu cependant, mais il assembla peu de monde à l’église, et le vieux comte de Mourcey comprit à cette abstention respectueuse que, blâmé déjà de la mésalliance par le parti dont il était le chef, il n’y regagnait rien dans l’opinion populaire. Mais que lui importait, Claire était aimée avant de mourir.

Elle ne le fut que trois mois à peine ; l’automne suivant l’emporta dans le premier tourbillon des feuilles mortes. Puis ce fut le tour de l’octogénaire, que rien ne retenait plus en ce monde, et Philibert Torbier eut le million promis — et gagné.