Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/188

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homme à femmes. Une nuit, le comte, qui la couvait jusque dans son sommeil, l’entendit crier en rêve :

— Ah ! pleurait-elle, mourir sans avoir été aimée !… C’est trop ! Aimée, aimée !..

Bouleversé par cet appel douloureux au bonheur, le grand-père l’épia et ne tarda pas à deviner son secret de vierge révoltée. Il alla droit à Philibert.

Le comte de Mourcey n’était pas de ceux qu’embarrasse une situation difficile, et, au cours de sa carrière politique, il en avait tranché d’insolubles.

— Tout en ce bas monde, le bien nommé, disait-il, n’est que question d’argent.

Telle était sa devise, et les renseignements qu’il eut sur le lieutenant Torbier étaient propres à la corroborer. Mais Claire l’aimait. C’était le sorcier demandé peut-être ? Par conséquent, rien sur la terre, dans les cieux ni l’enfer même, ne prévaudrait contre sa volonté de réaliser le rêve de sa moribonde. Claire serait aimée.

L’entretien, commencé dans un café situé près de la Bourse, où il se fit présenter officier, s’acheva le lendemain chez le notaire. La dot de Mlle de Mourcey, formée par l’héritage de ses père et mère décédés, se montait à quatre