Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/221

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surde question suivante : « Cendrillon, as-tu les pieds roses ? » Je crois très fermement qu’il entre de la démence dans les rêves. Elle ne me répondit pas, mais, courant à la marmite, elle en renversa le couvercle et sauta dans l’eau bouillante. Je poussai un cri d’effroi, mais son visage, transfiguré par la souffrance, rayonnait comme celui des martyrs. Ah ! oui, elle l’aimait, le Roy ! Rapidement, je l’enlevai et l’assis sur l’escabelle. Elle avait les pieds chaussés de cristal, et si petits, si petits en leur gaine adamantine, que l’impératrice de la Chine en serait morte de jalousie, je vous assure. Deux roses-thé dans deux verres de Venise !

— A présent, tiens ta parole, poète, me cria-t-elle, avec une moue d’enfant gâté.

Je tirai donc mon talisman. Il est à tout faire et ne me quitte pas. Puis, m’étant mis en communication — allo ! allo ! — n’oubliez pas que c’est un songe — avec les omnipotents que vous savez, ou plutôt que vous ne savez pas, je m’approchai de la citrouille et je lui jetai les rimes nécessaires à toute bonne incantation.

La cucurbitacée se transforma en automobile.

C’était encore une fois « la Vertigineuse », chef-d’œuvre de la mécanique française, et le