Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/222

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dernier mot passé, présent et futur de la locomotion terrestre.

— Tu vois, fis-je, petite Cendrillon, c’est ton carrosse. Tous les poètes, grands ou petits, morts ou vivants, te l’offrent par ma voix, à cause de ton amour. La malle des Indes, que l’on appelle aujourd’hui l’Express-Orient, ne va que le train de tortue auprès de cet éclair à pneus. Tes sœurs et ta marâtre, fussent-elles déjà dans la cour du palais royal, tu seras au bal plus vite qu’elles.

— Hélas ! danser avec lui sous mes guenilles !

Et elle étalait les oripeaux dont elle était fagotée. Mais voilà que, complices des poètes, tous les vieux meubles, bahuts, armoires, s’ouvrirent à la fois et jetèrent à ses pieds charmants et roses les pièces innombrables d’une garde-robe quintiséculaire, où toutes les modes de nos mères, aïeules, bisaïeules et bien au delà étaient représentées. La coquette n’en voulut que les dentelles. Toutes, donc, se détachèrent, malines, valenciennes, vénitiennes, qui sont de l’alençon démarqué, anglaises que réclame Bruxelles, et les auvergnates de Velay, et les espagnoles aussi, qui, s’entrecousant d’elles-mêmes autour de la jeune fille, la vêti-