Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à vous l’apprendre. C’est même pour ça qu’il sort le plus qu’il peut de l’enfer embrasé et multiplie chez nous ses visites. Mais il préfère le vin de pomme au vin de vigne. Habitude prise dans l’arbre du paradis terrestre.

Or, un jour qu’ils étaient attablés ensemble, verre à verre, dans la propre maison de compère Jean, le rusé Breton dit à son hôte :

— Voilà février, mon Lucifer ; il va falloir s’occuper des semailles. Veux-tu faire un pacte avec moi ?

— Si c’est pour ton âme, entendu, j’accepte d’avance.

— Vère, tu vas trop vite ! Faut se tâter d’abord et se mettre à l’épreuve. Je me méfie de ton honnêteté !

— C’est ton droit, grimaça l’autre ; mais ces messieurs les curés exagèrent : je suis fidèle à ma parole.

— Le pacte serait pour deux ans, alors ?

— Tope. Qu’est-ce ?

— Si, pendant deux ans à la file, c’est ma récolte qui est la plus belle du pays….

— Eh bien ?

— Eh bien, pour commencer, je la partage avec toi.

— La part du diable ?