Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/233

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N’as-tu plus de poumons, ou renonces-tu à mon âme ? Elle déborde de péchés, pourtant, tous capitaux, et tu vas manquer une proie d’élite. Je n’ai plus que vingt-quatre sacs à passer sous la meule, après quoi, c’est convenu, tu m’emportes.

Le lièvre souffla plus fort, puis de toute sa force et enfin même démesurément. Les ailes du moulin restaient inertes. Alors, Satan déchaîna l’ouragan. Les fleurs déracinées jonchaient les prés hérissés, les arbres tordus se couchaient sur les haies déchirées, les tuiles des maisons volaient en disques : une répétition de la fin du monde ! Enfin, ce fut le tour des ailes, qui, détachées par la tempête, disparurent comme des cerfs-volants dans les tourbillons.

Jean Kerlot, pour sauver son âme, les avait sciées sur le moyeu.

On n’imagine pas à quel degré le diable est bête en Bretagne.