Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/244

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vécurent comme coqs en pâte. Jacquemine, silencieuse à l’ordinaire, les harcelait de questions bizarres, leur écartait les cheveux sur le front, leur prenait les mains et les gardait entre les siennes, allait les écouter dormir, veillait à ce que leurs vêtements fussent en bon état ; enfin, elle semblait quelque vieille poule soignant les poussins d’une autre. Quand ils partirent, elle pleura.

Pour le coup, ses sept enfants se fâchèrent, et ils lui adressèrent des reproches. Ils étaient jaloux :

— Sont-ils donc du même sang que nous, pour que tu te lamentes du départ de ces « hossouères » ? (étrangers), que tes sept enfants ne te suffisent plus ? Tu n’en as que pour eux, et les voilà dételés sans qu’ils t’aient tant seulement payée d’un « merci, madame » !

Eyrnaud mourut à la Saint-Michel dernière, et dans un mois on embauchera à la ferme, pour les moissons d’août.

Il en viendra de Pleurtruit, de Ploubalay et de Plouher, de Saint-Caast et de Saint-Jacut, des solides et des malingres, des paresseux et des braves, et Jacquemine entre eux choisira. Mais pour ce qui est de ceux de Saint-Brieuc, où est l’asile des Enfants-Trouvés, elle ne choisira pas,