Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/243

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Un jour, il en vint un qui était faible et contrefait, un pauvre « diot » comme on dit ici, plus propre à mendier son pain qu’à le gagner.

— D’où es-tu ? lui demanda Jacquemine.

— De Saint-Brieuc.

— Ton nom ?

— Je n’en ai pas. Je sommes enfant trouvé.

— Sors-tu de l’asile ?

— Da, j’en sortions, comme vous me voyez.

L’infortuné avait les vingt ans requis. La fermière devint pâle et s’accrocha à la table pour ne pas défaillir.

— Je te garde, lui dit-elle, tu vas rester ici, et je te nourrirai.

Elle s’empara du « diot », le décrassa, l’habilla et le fit coucher dans sa chambre. Il resta un mois entier à la Ville-Eyrnaud, inutile et béat ; il y serait encore si Eyrnaud ne l’avait, un soir, remis sur le chemin de Saint-Brieuc. Il retourna à l’asile, et il conta son aventure aux Enfants-Trouvés.

De telle sorte qu’à l’août suivant, il amenait quatre camarades à l’embauchage. Mais comme, sur le nombre, il n’y en avait que deux qui eussent vingt et un ans, elle envoya les deux plus jeunes à la fauche et ne garda dans la ferme que les deux autres. Quinze jours, ils y