Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/255

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— Dà, et puis ?

— Elles ne sont pas signées.

— Non.

— Signez-les.

— Je comprends… d’avance ?

— Naturellement.

Et elle les aligna devant lui, paisible.

Legoaz, la bouche bée, les yeux clignants, regarda longuement ce monstre, sorti de ses flancs et doté d’une partie de son âme. Mathieu, c’était son avarice ; Laurent, sa ruse patiente ; Madeleine, sa prévoyance, et quelle prévoyance, celle-là, une pour laquelle le temps ne sonnait point d’heures et que n’aveuglait même pas la mort d’un père !

— Laisse-moi les quittances, fit-il, tu l’es trouveras en règle dans le coffre. Et à présent, va dormir.

Et, étrangement remué dans toute sa race, il la rappela :

— Embrasse-moi, veux-tu ?

Elle s’y prit de son mieux, n’en ayant pas l’usage, et, du seuil, elle lui siffla de sa voix de courant d’air :

— Adieu, monsieur Legoaz !

Ce fut ainsi qu’elle hérita, car, le surlendemain, après une agonie calme comme celle d’un