Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/262

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les bassins, bordés de bois pleins de bruyères où sont tous nos souvenirs. Tiens, la maison paternelle, regarde !…

« Il frissonna.

« — J’ai froid, fit-il.

« Azeline ôta sa capuce et la lui attacha sur les épaules. Le cheval filait, filait toujours, sa filasse de nuage aux sabots. Saint-Briac passa, puis, dans la plaine, des villages endormis qu’elle nommait au passage. Les chiens hurlaient, comme ils font aux fantômes.

« Tout à coup, au-dessus du vieux castel du Guildo, qui croule depuis huit siècles, pierre à pierre, dans l’Arguenon, Jan se plaignit que le vent du nord lui traversât le crâne.

« — Ne le sens-tu pas siffler derrière moi, Azeline ?

« Elle prit alors l’un des mouchoirs blancs qu’elle lui marquait J.A., de leur chiffre entrelacé, et elle en banda le front du cavalier.

« — Merci, murmura-t-il.

« Et, comme ils arrivaient à Saint-Jacut-de-la-Mer, le cheval gris de fer dessina une courbe dans l’air, comme s’il glissait du pont de l’arc-en-ciel, et il vint s’abattre sur la place, devant le porche de l’église.

« De tous ceux qui étaient là, les femmes