Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/272

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cheveux magnifiques et elle rayonne de bonheur, voilà tout ce qu’on peut en dire.

« — Le mari ?

« — Un brave garçon. Il est dans la carrosserie. Laborieux, droit, franc du collier, digne de son père, qui était d’Angers comme moi, pour vous servir, il me paraît fou de sa blonde, et ça, c’est drôle tout de même, car enfin ?…

« — Car enfin, quoi ?

« — Rien, ça les regarde, et il sait à quoi s’en tenir, elle ne lui a rien caché, du reste. Et puis, vous le savez, mon président, dans le populo, c’est comme à la campagne, on n’exige pas la fleur d’oranger. Le tout est de se convenir, et ils s’épousent par amour. Mais tenez, les voici, ils sont gentils, hein ?

« Ils étaient mieux que gentils, ils étaient délicieux de passion épanouie et d’allégresse amoureuse. Par un joli geste d’interversion conjugale, c’était lui qui se pendait au bras de sa femme et semblait se vouer à sa domination. Le père et la mère marchaient derrière, celle-ci tenant un petit garçon par la main, et des camarades d’atelier formaient escorte nuptiale au jeune charron. Quant à elle, du premier coup d’œil, je l’avais reconnue : c’était Louisa, la fille en carte.