Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/279

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front hellénique, celui des filles de Jupiter, ourlé comme la vague, de l’écume dorée de la chevelure ? Du double arc-en-ciel des sourcils plongeant dans la brume bleuâtre des tempes ? Des oreilles, conques perlières d’une grotte de stalactites ? Du cher petit nez, timon du char nautique d’Amphitrite, dont les narines lumineuses s’ébattaient comme des dauphins au soleil ? De la bouche adorée que l’attente de l’éternel baiser épanouissait et teintait de tous les iris de l’actinie, ouverte dans les algues, à la caresse des flots montants ? Du menton, dé de quartz arrondi, qu’il comparait aux promontoires des îles grecques, et de ces joues à la pulpe de fruits, à la cuticule de fleurs, dont il lui fallait modeler les oves comme on dessinerait un reflet de la lune sur la mer ?…

— On pourra sauver les yeux, fit l’interne.

— Quoi, seulement ?

— Oui.

Il lui expliqua que les globes n’étaient que légèrement touchés et que tout dépendait du degré de perforation des paupières. Sur ce point devait porter la cure, difficile d’ailleurs, d’une délicatesse extrême, et qui réclamait une assiduité constante d’observations et de soins.

— Je vais aller moi-même vous faire préparer