Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

obstinément scellées, de la martyre, puis il l’anesthésia au chloroforme et prépara ses bandelettes. Un coup d’œil jeté à l’Anadyomène lui avait éclairé la situation.

— Qui est le vitrioleur ? demanda-t-il à Pétrus… ou la vitrioleuse ?

Mais le sculpteur se détourna sans répondre. Du reste, il ne pouvait rien dire, les artistes de la villa n’avaient vu personne, et Marina n’avait encore ouvert la bouche que pour vociférer lamentablement.

— Est-ce que vous ne ferez pas votre déclaration au commissaire ?

— Non, elle est ma femme, fut la réponse à laquelle l’interne se méprit.

— Alors, aidez-moi à la mettre au lit, ou plutôt, déshabillez-la vous-même. L’acide a pu l’atteindre aussi sur quelque partie du corps. Il faut voir.

Pétrus prit l’endormie sur les genoux, et, habile à l’office familier, il l’eut bientôt dévêtue et déposée sur sa couchette. Rien, grâce au ciel ; les bras préservés par l’étoffe des manches, les mains sauvées par les gants, le torse indemne. De cette part de l’Aphrodite, l’artiste gardait tout. L’amant aussi. Mais la tête, oh ! la tête, miséricorde !… Que restait-il du beau