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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/288

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ira comme c’est venu, aux premiers beaux jours…. Un petit voyage peut-être ?…

— Partons !

— Non, pas encore.

— Ah ! tu ne m’aimes plus, sanglotait-elle.

Alors il l’entourait de ses bras et il la taxait de folie…. Ne plus aimer Adèle, lui, Charles ? On en entendait de drôles !… Mais elle voyait juste : il ne pensait plus qu’à la lettre, nuit et jour. Partout, et jusqu’à la Bourse, dans la vocifération…. La lettre, la lettre !…

Comme il avait fini par la porter sur lui, dans une poche à ressort de son portefeuille, elle le perforait à même, tout vif, térébrante.

Un matin, après une insomnie traversée d’hallucinations, le besoin de tuer s’imposa à sa volonté reconquise ; oui, s’imposa, comme une certitude algébrique. Tuer, qui ? L’« ami » de l’anonymat, le colleur de mots découpés, celui qui savait la trahison d’Adèle, « fausse ou vraie », n’importe. Ce meurtre était bon, très bon, il fallait y procéder sans retard. Ce n’était pas cela qui lui faisait peur. Il y a des agences spéciales et « vidocquiennes » qui flairent les turpitudes humaines, comme certains sorciers hydrographes sentent l’eau courante dans le sol par l’humectation des orteils. S’adresser là ?