Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/302

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pour toujours ? Quelle pitié que la vie ! Il aimait tant les fleurs et il s’y entendait comme un de la partie. À propos, j’allais oublier que j’ai quelque chose à vous remettre.

Et, relevant sa blouse, il prit dans la poche de son pantalon une boîte à allumettes, l’ouvrit d’un coup de pouce et en tira une bague d’or, toute simple et sans pierreries, qu’il tendit à son maître.

— Mais c’est une alliance, fit Rainville, et même celle de ma femme. Où l’avez-vous trouvée, Noirot, et comment ?

— En ratissant le sable, patron, sous le banc de la grotte.

— Oh ! que c’est drôle ! Et quand ça ?

— Le lendemain matin de votre départ.

— Merci, elle doit la chercher partout. Pourquoi ne la lui avez-vous pas rendue ?

Le jardinier regarda Rainville, baissa les yeux sur ses sabots et dit :

— Parce que je ne savais pas que c’était à elle et qu’elle ne me l’a pas demandée.

Sur ces entrefaites, Irène arriva de la ville et son mari s’inquiéta de la mauvaise mine qu’il lui trouvait.

— Bonté divine, ma chérie, ces traits tirés, ces yeux creux, es-tu malade ? Qu’as-tu donc fait durant ma courte absence ?