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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/303

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— Je t’ai attendu, sourit-elle en se laissant mollement embrasser sans rendre le baiser.

Déjeuner maussade, aux propos sans fonds, sans suite, vagues. Léon lui donne à remarquer qu’elle ne lui a adressé aucune question sur l’embarquement du « pauvre ami, perdu pour eux à jamais peut-être ».

— Est-ce que vous vous êtes quittés fâchés, Jacques et toi ?

— Au contraire, ricane-t-elle.

Et elle se lève, énigmatique.

Tout à coup, il songe à la bague remise par Noirot. Il l’a dans son gousset, cette bague.

— N’as-tu rien perdu, Irène ?

— Moi ? Où cela ?

— Mais… dans le jardin ou ailleurs !

— Quoi donc ? interroge-t-elle, prête à tomber, glacée.

— Ton alliance ?

— Ah ! c’est vrai. Tu sais cela ? Je l’ai retrouvée, heureusement, au détour d’une allée. La voici.

Et elle la lui montre. Elle en a une autre au doigt. Une autre !

D’abord, il ne comprend pas. Hébété, il la laisse regagner, sa chambre, s’en aller… Et voilà que, d’un coup, tout le drame s’éclaire.