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LES CHEMISES SANGLANTES


J’ignore si depuis 1886, année de mon excursion en Corse, Sartène s’est hausmanisée, et même humanisée, mais elle était alors la citadelle de la vendetta.

Il y a des villes blondes, et des rousses, Sartène est brune. De ses maisons en terrasses, échelonnées, comme des chèvres, au versant de l’Incudine, la vue plane et plonge sur la vallée de Figari, la Tempé corse, vaste vignoble onduleux, violet en septembre, brodé et ourlé d’or où l’on presse certain vin, essence de soleil, dont un seul verre abat son homme. C’est non loin de là, sur la route de Bonifacio que, dans l’ombre du mont Quiéta, le bien nommé, se cache, sous les pins ombellifères, un monastère blanc sans moines, désert, distillerie