aérienne d’aromates, où j’ai laissé l’un des rêves de ma vie, le rêve de « quiétude ».
Lorsque nous le découvrîmes, mes compagnons de route et moi, au hasard d’une chevauchée, d’ailleurs asinesque, à travers les lianes et les ronces du maquis, le couvent abandonné et bourdonnant d’abeilles venait d’être témoin d’un meurtre.
— C’est ici, nous dit notre petit guide que Tafani a tué Gravona.
On a beau être rassasié de ces histoires de banditisme, dont la Colomba de Mérimée est le type et reste le chef-d’œuvre, leur intérêt romanesque se renouvelle singulièrement quand on les entend conter dans l’île même. J’ajoute qu’on ne les comprend bien que là, et qu’il faut au tableau son cadre.
— Qui, Tafani ? Qui, Gravona ? demandâmes nous d’une seule voix.
Et notre ânier parut nous mépriser de notre ignorance.
— Familles illustres du pays, lança-t-il par dessus l’épaule ; Giuseppe et Théobaldo, les deux derniers. Ils étaient en vendetta. Les stylets étaient tirés depuis cent ans entre elles.
— Pour quelle cause ?
— On ne sait plus. Les vieux de Sartène