Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/325

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me garde ! » Tout a été fait dans les règles, il n’y a rien à dire.

Sur ce mot caractéristique, l’ânier se leva pour nous montrer l’endroit où le vaincu de la vendetta séculaire avait reçu la balle mortelle, en plein cœur, et aussi la cellule de moine qui avait servi d’embuscade au vainqueur.

— C’est moi-même, messieurs, qui suis venu avec mes bêtes, chercher le corps de Théobaldo pour le rendre à sa femme, Thérésa Brandi, de Bastelica. La voilà veuve comme tant d’autres plus un petit garçon de six mois qu’il lui laisse. Mais ils sont à l’aise. Les Gravona ont une belle maison à Sartène.

— Et le meurtrier ?

— Giuseppe Tafani ? Où il est ? Là dedans, fit-il en encerclant le maquis d’un geste circulaire. Mais vous pouvez être tranquille, les gendarmes ne l’auront pas.

Et ses yeux flambèrent d’une flamme qui m’éclaira toute l’âme de la Corse.

Au retour de Bonifacio, quinze ou vingt jours après cette visite au couvent de Sainte-Trinité, nous repassâmes par Sartène. Nous y arrivâmes à la nuit tombante, pour dîner une fois encore, à l’hôtel César, tenu par un excellent homme, beau-père du fameux dompteur Bidel, et qui