Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/326

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avait de ce vin ambroisiaque dont je vous ai parlé en commençant. Point d’autre raison, je l’avoue, à ce crochet que nous faisions à notre itinéraire, mais le Bacchus corse nous récompensa de notre piété oenophile, voici comme.

La ville était sens dessus dessous. Dans la pénombre crépusculaire, les gens couraient, criaient, se démenaient, se groupaient, se hélaient aux portes et aux fenêtres, et s’enfonçaient dans le vieux quartier aux ruelles tortueuses, enchevêtrées sous l’église.

— Que se passe-t-il donc, ce soir, chez vous, don César ? (Nous avions ainsi surnommé notre hôte.) Y a-t-il des élections à Sartène ?

— Mieux, fit-il, et vous tombez à miracle pour enrichir d’une fleur corse votre herbier philosophique. L’un de nos braves bandits, traqué, dans le maquis, par les gendarmes, s’est réfugié dans la vieille ville et il s’y cache. S’il n’y avait qu’eux et leurs bottes pour le prendre, Giuseppe Tafani aurait le temps de faire, en paix, six enfants à sa femme, nous lui prêterions tous notre lit. Mais, cette fois, il a affaire à forte partie : la Thérésa Brandi, de Bastelica, qui a juré d’avoir sa tête. Vous comprenez c’est entre Corses, et nous sommes tous en l’air, comme