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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/337

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au sein nourricier de sa mère sans que la pitié m’humecte les yeux. Pourquoi, ah ! pourquoi aime-t-on ? »

Un jour qu’elle traînait dans les rues de la ville le désenchantement de son âme vide et solitaire, ses regards furent attirés par une petite affiche manuscrite, collée au travers d’une porte, sur la place où l’histoire veut que Michel Seryet ait été brûlé par Jean Calvin, le pape de Genève. Cette affiche annonçait une conférence sur l’amour par le professeur Max Ozal, docteur es sciences, es arts, en médecine, et correspondant attitré des académies de Paris et de Vienne. Ce nom de Max Ozal ne lui sonnait pas pour la première fois. Olive l’avait lu dans les journaux libertaires que recevait son père, mais il lui laissait la personnalité du savant indécise. Tirée d’ailleurs par une attraction obscure, elle poussa la porte et elle alla à sa destinée.

Le lieu de la conférence était moins une salle qu’un salon, où trente personnes environ étaient assises comme au prêche. Ne trouvant plus une seule chaise disponible, la jeune fille resta debout sous une tenture, et elle vit ainsi pour la première fois celui pour qui et avec qui elle devait mourir. C’était, en chair et en os, le