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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/339

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pérée. Que ne puis-je vous en guérir au prix de ma vie ! Allumez pour moi, sur cette place même, le bûcher de Michel Seryet, j’y monterai sans hésiter pour l’honneur de ma certitude.

« Les peuples héroïques et modèles des civilisations antiques, disparues, mais qui reparaîtront, je vous le jure, n’ont point connu l’aberration fatale qui, depuis deux mille ans à peine, a dévoyé l’humanité et semé dans les champs de la nature l’ivraie de cette tristesse sociale qui empoisonne jusqu’aux remparts de la cité moderne. La sagesse ancestrale ne demandait pas aux yeux de la femme plus de ciel qu’ils n’en peuvent tenir. Le baiser n’y mesurait que sa joie instantanée et furtive, payée aux dieux par les douleurs sacrées de la maternité, aussi longues que la vie des mères vénérables.

« J’ai beau faire, messieurs et mesdames, je ne puis voir dans les poètes de notre ère chrétienne que les propagateurs d’une épouvantable méprise et des bourreaux dignes des supplices qu’ils chantent. C’est d’eux que pleurent vos larmes ; sans eux et leur œuvre d’amertume, vous seriez heureux et heureuses.

« Seul, l’un d’eux a osé dire la vérité telle