Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/344

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je trouvai ma chère femme debout et fort anxieuse. Elle me tendit tout de suite une lettre, venue à minuit, me dit-elle, et qui, quoique toute simple d’aspect et ordinaire, lui faisait peur. Or, du premier coup d’œil sur l’adresse, j’en avais identifié l’écriture.

« — Es-tu folle, fis-je en riant, elle est de Marécat.

« — Justement, reprit Suzanne, et je l’ai aussi reconnue.

« — Alors, il fallait l’ouvrir. Marécat est l’un de nos meilleurs amis, et le plus fidèle. Il m’avise probablement qu’il ne viendra pas dîner ce soir avec nous, comme chaque mardi, depuis quinze ans, il en a l’habitude.

« — Il serait donc malade ? déduisit-elle.

« — Pour la première fois de sa vie alors ?

« Et je descellai la lettre.

« Vous allez la lire, cette lettre, car je l’ai gardée. Mais à peine y eus-je jeté les yeux que, reprenant ma trousse, je dégringolai dare-dare à mon auto et courus chez Marécat.

« — Tu avais raison, avais-je jeté dans l’escalier à Suzanne, il est malade.

« Et je l’entendis crier d’une voix étouffée :

« — Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! il est mort !… »

Ce disant, l’illustre chirurgien, de qui je tiens