Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/345

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cette histoire, était allé à son secrétaire et il en revint vers moi une lettre à la main.

— Mais d’abord, renoua-t-il, vous rappelez-vous Marécat ?

— Le boulevardier ?

— Dites le type du boulevardier, du temps où il semblait que tout l’esprit du monde se centralisât sur le ruban d’asphalte compris entre le carrefour Drouot et la Chaussée-d’Antin. Il a traîné là une élite de Démocrites qui, sous le scepticisme apparent de leur philosophie abondante en traits barbelés, cachaient un sens profond de la vie et des âmes d’enfants. Cet excellent Marécat riait de tout, et, sur les choses et les gens, il en trouvait inépuisablement de « bien bonnes ». Eh bien, savez-vous de quoi il est mort ? Lisez, pendant que je vais recevoir une cliente.

Et je lus :

« Mon-vieux, pas de fleurs, pas de discours, pas de piquet de la Légion. On s’embête trop, je fiche le camp, rien de plus simple. Je n’ai, tu le sais, ni père, ni mère, ni frère, sœur ou bâtard, et je laisse, dans mon tiroir de gauche, les cent louis nécessaires pour solder les frais crématoires de ma vaporisation. Tu offriras le reste, de ma part, à la Société protectrice, dont je