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Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/357

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sonnellement ! » On en rit aujourd’hui ; mais alors ce n’était pas la même chose ! Enfin nous étions ivres de joie. Sur la prière de l’assemblée, je détaillai La Marseillaise. »

Et le passementier but une gorgée en m’invitant à l’imiter.

— Enfin, nous partons. On revient d’abord sur Paris. C’est une habile manoeuvre ! pensais-je. A la gare Paris-bestiaux, on nous fait monter en wagons. Le colonel n’avait pas paru. Bien évidemment, il ne devait se montrer qu’au moment décisif ; l’idée me sembla ingénieuse, elle trompait l’ennemi ! Paluchon était à côté de moi, et à chaque instant sa tête rebondissait sur mon épaule. Jamais je n’ai vu dormir avec cette ténacité.

« Au bout de sept heures de chemin de fer, on nous fait descendre du côté de Courbevoie, en face d’une fabrique de je ne sais quoi, appartenant à je ne sais qu’est-ce. Nous prenons les rangs péniblement. Balognet, pendant le voyage, avait ôté sa botte droite et ne pouvait arriver à la remettre. Si je vous donne ce détail, c’est qu’il n’y en a pas de petits dans de telles situations. Enfin il y parvint, et nous nous mîmes en marche.

« Comme la nuit était venue, on n’y voyait pas plus que dans un four. Malgré cela, nous