Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/358

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nous sentions dispos. Nous allions donc enfin assister à une bataille ? Moi-même j’étais ému, pourquoi m’en cacher ? Quoique voltairien, je pensai malgré moi à l’immortalité de l’âme.

« Paluchon suait à outrance, et, quoiqu’il prétendît que son sac en était la cause, je devinais qu’il caponnait. Tout à coup un bruit extraordinaire se fit entendre près de nous : on peut le formuler à peu près ainsi : Bâaoumm ! svffrittt. Toutes les fenêtres de la fabrique pétèrent. — Je ne sais où j’avais la tête en ce moment, mais il me revient que je demandai au peintre si c’était le canon ! Était-ce assez bête ? Il me répondit :

« — Non, c’est la cornemuse !

« Je n’eus pas la force de sourire. Le pauvre Paluchon était devenu vert et reniflait comme s’il venait de monter cinq étages.

« En cet instant, derrière nous, et plus près encore, éclata le terrible : Bâaoumm ! svffritt !… Puis à gauche, puis à droite, puis de tous les côtés. Nous étions évidemment découverts ? Je serrai la boucle de mon ceinturon, et bus une gorgée en pensant à ma femme et à mes enfants. C’est alors que Balognet cria :

« — Halte !

« On n’a jamais su pourquoi.