Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/361

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ne rien voir, car je savais le combat engagé depuis l’aurore, et l’issue pour moi n’en était point douteuse : nous pouvions passer ! Oui, monsieur, nous le pouvions. Nous aurions peut-être laissé trente mille hommes sur le carreau ; mais avec le reste je me chargeais de surprendre Guillaume dans Versailles, de donner la main à Faidherbe, et tandis que Chanzy se ralliait dans le Centre, et que Bourbaki opérait dans l’Est, je balayais de France tous les Prussiens jusqu’au dernier. Mes idées là-dessus n’ont pas changé.

« Cependant, dans notre fossé, nous commencions à perdre un peu patience. On murmurait sur les rangs : « Que faisons-nous ici les mains dans les poches, tandis que les autres se battent ? » Tel était le cri général. On avait les yeux tournés vers le colonel, qui, sa lorgnette à la main, semblait étudier les effets de nuage. Enfin nous n’y tînmes plus : on se débanda. L’herboriste Paluchon se révéla alors sous un jour imprévu, et je vis que je l’avais mal jugé :

« — Puisque nous sommes inutiles ici, s’écria-t-il, rentrons du moins dans la capitale et reprenons nos places derrière les remparts !

« — Oui, c’est vrai, cela, fit Balognet, dont