Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/87

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comme feuilles d’automne. Si son procès l’avait illustré, sa condamnation, sa prison, son exil le revêtaient d’un prestige universel et d’un crédit de magicien. En quelques mois, la maisonnette de Pepina devint le centre des affaires de l’île, et la ruelle où s’ouvrait son auvent, la « rue Quincampoix » de ce Law malgré lui. Il lui fallut encore, avec son génie de poète, imaginer les mines aux gisements les plus absurdes, les mers souterraines d’huile d’olive, les aviateurs qu’on siffle dans l’espace comme un chien docile, l’application des nuages à la cotonnade, que sais-je ; il ne désespéra ni les gogos ni les ingénieurs, et il lui revint une fortune immense.

Si immense que, les trois ans écoulés et la date du mariage échue, Loys Égarot voulut qu’il fut célébré à Paris et retourna en France sur son yacht sans pareil, nommé la Pepina. Le père de son jeune gendre, l’illustre Thomas Mévère, était allé le recevoir à Marseille.

— Je suis heureux, salua-t-il, et plus que personne, de vous voir victorieusement remonté sur votre bête. Mon fils Jean fait un beau rêve !

— Sans doute, sourit Loys, puisqu’il aime ma fille.