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Page:Bergerat - Les Deux Waterloo, 1866.djvu/7

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Le soleil s’abattait comme un oiseau blessé… —
L’horizon, ce rempart qui bornait le passé,
S’effaçait dans les plis de l’ombre… —
Tout à coup, l’Empereur, dressé sur son séant,
L’œil fixe, vit du fond de l’avenir béant
Descendre un ange à l’aile sombre.

Et l’ange s’approchait silencieux… — Soudain
Napoléon se sent attiré par la main
Jusque sur les bords de l’espace…
Des mers du Sud s’élance un courant ténébreux,
Et l’ange, saisissant l’Homme par les cheveux
Ouvre son aile au vent — et passe.

« Où donc me mènes-tu ? disait l’Homme. — Je vois
« Sous mes pieds une mer qui m’a porté cent fois
« Aux jours expirés de ma gloire… —
« Cette femme là-bas qui vole devant nous,
« Hurlant, folle de joie, et criant : « C’est l’Époux ! »
« Je la connais… — C’est la Victoire ! — »

— « En avant ! — Sainte-Hélène est loin… L’Océan fuit…
« Cet îlot que mon œil aperçoit dans la nuit,