Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/56

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venaient s’en fournir à Harlem, et tous ceux qui voulaient en faire installaient là leurs ateliers. Au moment où Frans Hals arriva d’Anvers, où il était né (et non pas de Malines, comme l’écrivent tous les dictionnaires historiques) pour apprendre à son tour le maniement du pinceau, l’école était en proie à trois influences, dont deux représentées à Harlem par des maîtres célèbres : l’influence allemande à laquelle le grand nom d’Albrecht Dürer prêtait tout son prestige et que reconnaissaient aveuglément Goltzius et ses élèves ; l’influence italienne, prônée par Karel van Mander, peintre, poète et bel esprit, d’origine flamande, et dévoué à la cause de la Renaissance. Enfin l’influence naturaliste, encore sans chef, et qui ne faisait que bégayer son programme dans le paysage et les scènes de vie familière. Subissant sans doute des partis pris de famille (car le père de Frans, Piéter Claeszoon Hals, était lui-même Harlemois, et il avait été pendant deux ans échevin de la ville), le jeune homme se décida pour l’atelier de van Mander. On se demande ce qu’un pareil maître, épris des mythologiades chères à la Renaissance et qui avait écrit un traité de la peinture en vers, ni plus ni moins que quelque abbé Delille, put enseigner à un élève de cette trempe. Frans, il est vrai, ne séjourna pas bien longtemps dans son atelier, si l’on en juge par les dates. Car en supposant qu’il soit entré dans cet atelier vers 1600, la mort de Karel van Mander survenue en 1606 borne à six années les rapports de l’élève et du maître. Il faut donc mettre à 1607 la date de l’an où Frans Hals cessa lui-même d’être un disciple pour devenir un artiste original. Or, c’est précisément en cette bienheureuse année