Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/117

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et pour, cause, car nous n’en tenions que pour le maître de La Pomme.

Qu’est devenue certaine comédie héroïque dont il nous narra, un soir, le scénario et nous récita la première scène ? Il s’agissait d’un jeune coquebin de province que son père envoyait à Paris apprendre la vie par le théâtre du répertoire classique :

— Une troupe, lui disait-il, avec ses personnages classés et déterminés à l’italienne, Géronte, Valère, Isabelle, Araminte, est le microcosme de la société, telle qu’elle est et sera toujours. Leurs rôles en résument les passions immodifiables, les constantes péripéties et les caractères. Tu sauras l’avare par Harpagon, la coquette par Célimène, le filou par Scapin, le fourbe par Tartuffe, ainsi de suite, car les maîtres ont tout révélé, tout divulgué, et qui aime une comédienne aime toutes les femmes en une et n’a plus rien à en apprendre.

Théodore de Banville n’a pas écrit la pièce, et c’est grand dommage, mais il comptait sans Coquelin, qui nous la joua, inédite, aux Trop Serrés.


Les peintres de la Société des Trop Serrés étaient presque tous des élèves de Gérôme. L’un d’eux, Charles Waltner, a passé seul à la gravure, où il est, du reste, devenu un maître. C’est une sorte de Léon Bonnat de l’eau-forte. Sa réputation est européenne. Les autres, demeurés fidèles à la palette, Léon Glaize, Fritz Kæmmerer, Georges Becker, Adrien Moreau, Paul Baudoüin, s’étaient groupés dans une cité artistique, située rue de Vaugirard, composée exclusivement d’ateliers, et dont les parents du premier