Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/136

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qui, dépourvu de toute mémoire, la bousilla, et, de la sorte, me sauva la mise. Je l’ai retirée d’avance, et par testament, de mes Œuvres complètes. Mais Le Figaro la publia. Mes ennemis l’ont gardée.

Mais aussi était-ce bien ma faute ?

Lecture prise, Édouard Thierry m’avait mandé à son cabinet :

— On voit, me dit-il, que vous adorez Molière !

— Alors, si on le voit, tout va bien.

— Camille Doucet sort d’ici. Je lui ai lu votre cantate. Il ne lui fait que deux reproches. Le premier, c’est qu’elle est trop bien rimée : « On n’est pas forcé », a-t-il fait.

— Quel est le second reproche ? émis-je.

— Promettez-moi de ne pas bondir !

Et après un temps de silence pendant lequel je le vois encore tourner autour de ce bureau directorial où Jules Claretie, après Émile Perrin, le remplace, il reprit, insinuant et diplomatique :

— On sait peu de choses sur Pindare… Vous mourrez comme lui à quatre-vingts ans, couvert de gloire… Mais ce qu’il touchait pour une ode, on l’ignore, même par tradition… Il y avait les plus grands rapports entre les Jeux Olympiques, qui lui ont inspiré de si beaux chants, et cette fête européenne où l’empereur et l’impératrice convient les peuples, pour le printemps prochain, au Champ-de-Mars, n’est-ce pas. Une Exposition universelle, c’est le renouveau de ces fêtes authentiques, où Sophocle, Euripide…

— Pardon, et le second reproche de Camille Doucet ?

— Eh bien, il regrette que, dans une strophe, ou