Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/137

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deux, disons quatre, vous ayez oublié de pindariser…

— Quoi, l’Exposition universelle ?

— Vous l’avez senti vous-même.

Je le regardai ébahi, béant, hébété.

— Mais… Molière est né en 1622 ?…

— Oui, eh bien ?…

— Et vous voulez que je rattache à mon pæan d’anniversaire celui de la foire des peuples au Champ-de-Mars ?

— Ce n’est pas moi qui l’exige.

— C’est Camille Doucet ?

— Non plus…

— Le maréchal Vaillant, alors ?

— Cherchez plus haut.

— Ma foi, lançai-je, épouvanté, je le donne à Victor Hugo lui-même !

Et, reprenant mon chapeau et ma canne, je tirai vers la porte.

— Vous avez tort… Réfléchissez… Ce n’est point si difficile que vous vous l’imaginez. Sans s’adresser à Victor Hugo, qui ne viendrait pas, du reste, nous avons d’autres poètes, jeunes ou vieux, pour qui le travail ne serait qu’un jeu… C’est dans votre intérêt que je vous parle… Vous devez avoir besoin d’argent pour offrir un bouquet à Madeleine Brohan ou à Émilie Dubois, qui m’ont dit de vous cent, et même cinq cents choses charmantes… Et puis, ce qu’on vous demande n’est qu’une question de transition… Vous la trouverez dans l’universalité de Molière… Molière universel, comme l’Exposition… Vite, rentrez chez vous, et croyez-moi, relisez La Marseillaise !…