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Blanc, charmante petite pièce vendéenne que le poète des Prunes avait écrite en collaboration avec Ernest Lépine, secrétaire, comme lui, du duc de Morny, et qui devint plus tard assez notoire sous son pseudonyme de Quatrelles.

C’était ce Lépine, entre parenthèses, que la duchesse, qui n’avait pas la mémoire des noms, s’évertuait à appeler Monsieur Lévy, par une confusion que je n’ai pas à expliquer à des Parisiens.

Quoiqu’il eût déjà, je crois, publié Le Petit Chose, où toute son œuvre est en germe, Alphonse Daudet n’était guère encore que « le poète des Prunes », triolets fameux dans nos anthologies lyriques, popularisés par Coquelin lui-même, et qui, de l’aveu de Banville, restent le prototype et le modèle du genre. Les Prunes, c’était son Vase Brisé, son Sonnet d’Arvers, son Passant, son brevet de gloire enfin. Celui qui lui aurait prédit alors qu’il tartinerait des romans à pleins tomes et qu’il serait l’un des Quatre du Naturalisme, l’aurait laissé incrédule au moins et peut-être l’eût mis en colère. Il n’aimait que les vers et la musique, celle de son pays surtout, les noëls provençaux et les farandoles. Alphonse Daudet, naturaliste ! Miséricorde ! D’ailleurs, il ne l’a jamais été, pas plus que Flaubert, ni même, ne bondissez pas, que Zola.

— Il n’y a jamais eu qu’un seul naturaliste, disait Victor Hugo, c’est Henri Monnier, et il en est mort, lui et son œuvre.

L’auteur de Tartarin et de L’Arlésienne est resté jusqu’au bout un poète, sans avoir cessé de l’être, et Dieu merci, dans tous ses ouvrages.

À vingt-quatre ans, il était admirablement beau,