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IV

« LE MAÎTRE D’ÉCOLE »


« Ce n’est pas amusant de faire de l’histoire », m’écrivait Georges, qui venait d’entrer chez Trochu dans les bureaux de l’état-major.

Dès que le boucher instructeur nous vit venir avec la sarbacane pour deux, il s’empara de Grand qui la portait et le campa au premier rang, tel un soldat d’élite et comme s’il eût voulu le décorer de sa main. Mon professeur de français pour dames anglaises avait, entre tous ses métiers, exercé le militaire. Il savait le maniement du flingot et l’exemple qu’il en donna appuya d’une bonne démonstration les leçons de l’hercule. Chacun, à son tour, lui reprit le fusil pour en tirer son air de flûte, en solo d’abord, puis à l’orchestre, et, finalement, l’instructeur nous pria de le lui prêter, pour l’aider à l’enseignement martial des citoyens du dix-neuvième siècle.

J’ai su depuis que cette arme modèle ne laissa pas de faire quelque besogne pétaradante et trucidante entre les mains du boucher lui-même, pendant la Commune. L’ost de M. Thiers reçut, hélas ! du tabac de cette « tabatière ».