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VII

CROCODILE


Alexandre Grand, lui aussi, disparut sans me donner de ses nouvelles. Je ne le revis que plus tard, pendant la Commune, transformé en employé aux Postes et Télégraphes, dans le bureau de l’avenue de la Grande-Armée. Il lui arriva là une terrible aventure, que je vous conterai au temps voulu. Zizi était chez Trochu, au Palais-Royal, où il paperassait, et tous les camarades bastionnaient à l’envi sur les fortifs en attendant la trouée, toujours promise et toujours différée, qui devait nous rallier à l’armée de province et opérer la jonction victorieuse. Énervé moi-même d’une inaction que trompait mal le jeu de la lyre, j’avais obtenu d’être incorporé dans un corps de canonniers volontaires, formé par des polytechniciens, commandé par M. de Beauchamp, et qui s’exerçait à la porte Saint-Ouen. On m’y avait accepté à la condition que j’abandonnerais aux desservants de pièces les quarante sous de la solde quotidienne, mais comme, par privilège, j’avais droit à mon couvert au mess hippophagique des officiers