Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/236

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Ce n’est pas tout. Il y a le règlement des pensions nationales en souffrance, le montant des réquisitions françaises à rembourser selon la loi du 15 juin 1871, les réparations des propriétés d’État, biens du Peuple, les dépenses de guerre de nos armées, celles de l’effectif, de la réorganisation militaire, et vingt autres charges et dettes d’honneur national où j’omets celle contractée par la Comédie-Française envers ses poètes. C’est dix milliards.

Et « au bas mot », dit la Revue des Deux Mondes, où les calculs en laissent à Barrême.

Alors, et puisqu’il en est ainsi, bien des choses s’expliquent où l’histoire n’y voyait que du feu, et notamment cette insurrection du Dix-Huit Mars, connue sous le titre de : la Commune, et qui ne fut sans doute qu’un recul violent devant un tel règlement du régime tombé. Il est certain que dix milliards pour un ensemble de victoires qui, de l’aveu de l’état-major allemand, ne revinrent aux États confédérés qu’à 1 milliard 420 millions de débours, sont une compensation un peu usuraire, et que le peuple héroïque de Paris avait lieu de juger sévèrement ceux qui, chez Rothschild même, à Ferrières en signaient l’affront à son courage.

Oui, tout de même, ce brillant marquis de Galliffet qui vient de s’en aller dans un concert de louanges méritées, aurait pu avoir la main moins lourde et moins expéditive quand il rentra, l’épée au poing, dans sa bonne ville de joie et son Grand Seize doré. On a le droit de ne pas endetter ses enfants et ses petits-enfants de dix milliards lorsqu’il y a encore deux armées qui combattent sur le sol de la patrie, dites, mon général ?