Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/283

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Comment il échappa aux exécutions sommaires d’abord et ensuite aux conseils de guerre ? C’est le secret entre Cambronne, Dieu et lui, car il est certain qu’il fit le coup de feu aux barricades. Mais il était très bon et très aimé et personne ne le dénonça. En 1879, époque où je le connus, son exaltation durait encore, et quand on ouvrait devant lui la question des incendies :

— Eh bien quoi ! lançait-il avec un haussement d’épaules, la Cour des Comptes, la Légion d’honneur, les Finances, le Théâtre Lyrique, de petites m…des ! Nous les aurions reconstruits, nous avions des architectes.

Jules Vallès était plus évasif sur le chapitre brûlant, et, pour mon compte, je n’ai jamais obtenu qu’il se déboutonnât de sa réserve. Dieu sait cependant, si, bel écrivain et lettré, il méprisait ses collègues de l’Hôtel de Ville et s’il en faisait des gorges chaudes. Mais il avait sur la conscience certain article auquel la coïncidence des incendies donnait la valeur malencontreuse d’une prophétie. Ce rôle sibyllin le gênait sensiblement dans son jugement sur la « Semaine sanglante». Je me rappelle qu’à Londres, Charles Monselet s’amusait malignement à l’entreprendre sur cet article.

— Dis donc, Jules, pour changer de crachoir, si nous parlions un peu de ta lettre à M. Thiers ? Elle est d’un bien beau romantisme. C’est vrai alors que tu voulais calciner aussi Notre-Dame ?

— Je voulais surtout réduire l’Arc de Triomphe en poudre, si tu veux le savoir.

— Tu aurais eu beaucoup de peine à y réussir.

Quant à Paschal Grousset, il n’y allait pas, lui,