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IX

À SAINT-GRATIEN


Un soir, le maître me dit :

— Je t’emmène demain à Saint-Gratien dîner chez la princesse Mathilde. J’espère que ta tenue sera décente. Je l’ai assurée que tu avais reçu une excellente éducation, et que, malgré tes opinions partageuses, tu ne volais pas les couverts d’argent chez les personnes opulentes. Elle a bien voulu m’en croire sur parole. Le rendez-vous est à la gare, pour le train de quatre heures.

C’était une assez grave affaire. Il ne s’agissait de rien moins, en effet, que de ma présentation comme gendre, non seulement à la princesse elle-même, mais aux habitués fidèles de son impériale compagnie. Si je ne redoutais rien de ces hôtes, tous artistes et hommes de lettres, j’avais tout à craindre de ma garde-robe, où ne pendait aucun habit de soirée et moins encore de cravate blanche. J’avais bien eu, autrefois, une de ces queues-de-pie, dites aussi de