Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

habiterez l’atelier de la maison du maître. L’hôtel Drouot n’est pas fait pour vous, vous n’en connaîtrez pas le Sunt lacrymæ rerum ni la bande noire…

— Quel acompte pouvez-vous m’offrir, sourit le notaire ; voyons, un acompte au moins, le plus petit, et je vous laisse rentrer chez vous pour ce déjeuner.

Ainsi me parla, rue de Hanovre, dans son cabinet, ce tabellion du paradis, l’oncle d’Edmond Turquet, mon sublime propriétaire.

— Je puis vous offrir des billets.

Il se mit à rire :

— Ah ! mon Dieu ! endossés par qui, et à quelle échéance ?

— Aussi ne vous parlai-je que de billets de théâtre ! C’est une monnaie française, ayant cours. J’ai payé des tailleurs avec, et pis encore !

— Hélas ! j’en ai plus que je n’en veux et je les distribue à mes clercs. Moi, je ne vais jamais au théâtre, je n’aime que la peinture.

— Alors, balbutiai-je d’une voix tremblante, une a… qua… relle ?…

— De vous ?

— Mais… naturellement !

— Fichtre, fit-il en se levant, vous vendez déjà cher !

Et de ses doigts successivement dressés, il m’énuméra, en pantomime, le chiffre de mes termes honteux. Je courbai la tête, mais fièrement ! C’était, je vous l’ai déjà dit, la crème des notaires.

— Eh bien ! voyons, reprit-il en me tendant la main, cent francs, pouvez-vous, pour le principe ?

— Il y a principe et principe, et j’ai toujours un peu vécu d’exceptions.