Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/377

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droite à gauche, soit à contresens de nos livres occidentaux. Elle est du même format in-quarto que les albums dont je parle, et la traduction du texte de Tin-tun-ling est signée : Charles Aubert. Il y a en outre six eaux-fortes au trait de Frédéric Chevalier, dans le goût linéaire, perspectif et concis des dessins orientaux, ou plutôt des missels byzantins, et en voilà assez pour les bibliophiles.

Quant au roman en lui-même, son intérêt se réduit à la mise en œuvre de nombre d’usages ethniques, particulièrement de ceux de la politesse asiatique, dont les saluts sans fin et les litanies de compliments hyperboliques n’ont plus guère aujourd’hui de nouveauté pour nous. L’histoire est celle d’un méchant bonze de pagode, féru d’amour pour la femme d’un noble seigneur, qui viole ses vœux de célibat sacré, accuse la femme d’adultère, et finalement y laisse sa tête que le bourreau lui tranche. C’est une sorte de Geneviève de Brabant chinoise dans un manuel de civilité, et je donne tout le livre pour la préface.

Relisez-la, cette préface, elle est charmante. Dans l’hommage qu’il y rend à Théophile Gautier, « au cœur vaste et bienveillant », il y a comme un jappement de bon toutou à son maître et les phrases brèves, par lesquelles il exprime la grande tendresse de sa vie, donnent la sensation de ces petites plaintes gémissantes qu’ont les chiens devant le phénomène, pour eux incompréhensible, de l’absence.

Il n’y a pas, jusqu’à la locution imagée de : « il a salué le siècle », pour dire : « il est mort », qui ne pare de sa métaphore mandarinesque un morceau qu’Ernest Renan eût aimé. Comme les esthètes