Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/389

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Un jour que, désœuvré et traînant les babouches, il était venu s’asseoir à ma table de travail, il ramassa un porte-plume, tira une feuille de papier et me dit :

— Je veux me remettre à écrire.

Et comme je lui objectais la défense de la Faculté :

— Ils sont bons, les docteurs, fit-il, toute la question est de savoir si Sisyphe est plus malade de pousser son rocher que de ne plus le pousser.

Et il traça quelques mots sur la feuille : « Ma chère Carlotta… »

— Tu vois, fit-il en me les montrant, c’est encore très lisible et sans fautes d’orthographe.

Mais il avait écrit : Carolotta, au lieu de Carlotta. Il s’en aperçut et se leva, livide et chancelant. Ce fut son dernier autographe.