Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/406

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois l’aurore nous a surpris courbé sur quelque œuvre prodigieuse, comme Les Ruines de Babylone, Hariadan Barberousse, Robert chef de brigands, L’Aqueduc de Cozenza, Tékéli et autres pièces admirables ! »

Et il termine en déplorant que, comme Frédérick dans L’Auberge des Adrets, l’acteur Raucourt, chargé du rôle de Nathan, père de la jeune juive morte-vivante, n’ait pas tiré d’un effet de tabatière et obtenu le succès idéal du sublime Robert Macaire. « Nous l’aurions volontiers laissé faire », soupire-t-il.

Théophile Gautier revint encore au théâtre l’année suivante, le 20 octobre 1847, à l’Odéon, assisté cette fois de Bernard Lopez, autre « carcassier éminent », avec une comédie de cape et d’épée intitulée : Regardez, mais ne touchez pas.

La pièce, entièrement exécutée d’abord par le seul Bernard Lopez, avait été reçue à la Comédie-Française par François Buloz, son administrateur. Toutefois, comme cette exécution ne répondait pas au concept, d’ailleurs tout romantique de la situation, Buloz avait imaginé de la rehausser en en confiant le soin à un poète. Gautier lui devait une Orestie qu’il ne lui livrait pas et l’échange se noua sur cette collaboration improvisée.

Mais le comédien Samson, dévot à Scribe, abominait l’école de Victor Hugo, et l’auteur d’Albertus ne trouvait pas grâce à ses yeux. Comme il menait le comité, un conflit s’éleva entre le directeur et les sociétaires, et pour l’apaiser les auteurs retirèrent bénévolement la pièce, qu’Augustin Vizentini, maître alors de l’Odéon, leur demanda pour ce théâtre. Il y fit une certaine fortune.

Quant à l’Orestie, où le poète devait fondre en une