Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/117

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ses fidèles. Ce groupe était assez restreint d’ailleurs et se bornait, si j’ai bonne mémoire, à quelques illustres de son temps, Gounod, Meissonier, Gérôme et Edmond Got, son interprète favori. C’est sur eux qu’il faisait l’essai de ses œuvres nouvelles. Moins accessible que son grand rival, Alexandre Dumas, dont la porte restait toujours battante aux apprentis de l’art scénique, il frayait peu avec ses confrères, et il n’avait pas l’humeur corporative. Il n’a jamais voulu être, que je sache, président de notre Association, et je ne crois pas qu’il ait assisté à une seule de nos séances annuelles, électorales ou délibératives.

Il a peu collaboré. Jules Sandeau, pour Mademoiselle de la Seiglière, Édouard Foussier, pour Les Lionnes pauvres, sont à peu près les seuls dont il avait associé les noms à sa recherche théâtrale, très individuelle et mal fusible avec d’autres tempéraments. Je ne parle pas de L’Habit vert, bluette improvisée de concert avec Alfred de Musset, qui fort probablement n’en écrivit pas une ligne. L’Habit vert, sorte de Bonhomme Jadis, ne se réclame guère de la postérité que pour son titre qui semble avoir servi de programme au tailleur de Paul Déroulède pour ses redingotes légendaires et patriotiques.

J’ai manqué, et bien par ma faute, d’être l’un de ces rares collaborateurs de l’auteur de L’Aventurière. C’était pour un sujet de piécette en vers, intitulée : La Mouche, qu’il n’avait pas le loisir, étant pris par des études considérables, de traiter lui-même. Il en avait fait présent à son neveu qui, peu propre au marivaudage et déjà hanté de rêves plus hautains, voulut m’en repasser l’aubaine. Il s’agissait de dépeindre l’état physiologique progressif d’une mar-