Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/125

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l’éternité en symbolise l’éloquence et tout s’achève sur le : à qui le tour ? de l’élite.

À cette époque Dumas n’avait pas encore été mordu par l’Évangile. Insoucieux de la doctrine où se réfugient les penseurs vieillissants et peu séduit par sa morale, il était plus à Épicure qu’à Sénèque — comme disait Renan — et s’occupait surtout de voir vivre et de vivre lui-même. Tous les problèmes sociaux, et même politiques, l’agitaient, mais il se passionnait surtout pour celui de la femme. Il se battait avec la quadrature du cercle qu’elle proposait à son esprit mathématique. Il se faisait fort d’atteindre Galatée sous les saules par une méthode rigoureuse aux mailles serrées. Il demandait à la physiologie le secret de sa psychologie et il souffrait enfin toutes les inquiétudes de l’homme moderne, malade, avisé et savant de son mal et en révolte contre sa contagion. C’est là qu’est sa figure. Elle reste extrêmement curieuse en dépit de la défaite prévue, fatale et glorieuse, dont la foi chrétienne est la classique retraite.

— Mon cher ami, me disait-il, vous avez deux fois tort, d’abord de fumer, et ensuite d’être panthéiste. Vous brûlez votre tabac aux dieux bêtes, bêtes dans les deux sens du mot. C’est du Calvaire que la lumière luit. Elle est petite, confuse, tremblante même, mais, à sa lueur, on entrevoit au moins quelque chose.

— Oui, riais-je, la Madeleine, cette Dame aux Camélias du désert !

— Laissez donc la Dame aux Camélias, reprenait-il en haussant les épaules, c’est une œuvre de jeunesse, une chanson d’étudiant, mon « Vase Brisé » dont on m’assassine, et relisez saint Luc, saint Marc,