Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

LES CATALOGUES


Le catalogue d’art, littéraire et illustré, tel qu’on le voulait à l’hôtel Drouot, de 1875 à 1880, pour les ventes, est aujourd’hui périmé, et le marché des toiles s’en passe. Peut-être est-ce dommage. Il y avait comme un dilettantisme du vieux jeu à voir, dans les salles, les grands joueurs à la hausse ou à la baisse des cotes feuilleter ces beaux in-quarto luxueusement imprimés dont l’établissement coûtait des sommes souvent considérables et qui valent aujourd’hui des prix fous. Aussi bien ces ventes étaient-elles passionnantes.

Celui qui les menait de son marteau d’ivoire était un homme extraordinaire et pour qui la physiologie de l’amateur n’avait point d’arcanes. Non seulement il en possédait le type à fond et à tréfonds, ni plus ni moins qu’un Balzac, mais il en savait tous les spécimens et il leur passait la jambe à tout coup. Il était le Napoléon des commissaires-priseurs. Il s’appelait Charles Pillet.