Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/202

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Hollande est justifiée par la méprise, volontaire ou non, des marchands experts qui, hier encore, attribuaient à Ruysdaël ses ouvrages sans signature. Celui de notre galerie, en sus de sa valeur intrinsèque, offre cette particularité d’avoir été « illustré » par Adrien Van Ostade, figuriste spirituel et charmant, qui, en ceci, rendait même service à son ami qu’Adrien Van de Velde au vieux Wynants. Notre Conrad Decker vaut au moins celui du musée d’Amsterdam. Il a pour thème une mare abritée d’arbres dont quelques-uns gisent abattus. Sur la droite une ferme se dresse au sommet d’une éminence. Le groupe peint par Adrien Van Ostade est formé de quatre personnages, un paysan flanqué de son garçon demande en passant de ses nouvelles à une jeune mère du village qui berce son enfant. Cette petite scène rustique, si simple, semble être sortie d’elle-même du paysage très serré de facture et d’une jolie harmonie blonde.

Salomon Ruysdaël était le frère de Jacob Ruysdaël. Quoique son renom ait été éclipsé par ce cadet illustre, il n’en est pas moins un excellent peintre, moins dramatique sans doute, mais de vision aussi sincère. Il n’en faut pas d’autre témoignage que ce tranquille canal transparent, maintenu dans les tons gris d’une vérité de portrait. Au fond une ville et sa cathédrale, à gauche une rangée de maisons antiques semées entre des hêtres. Sur le miroir des eaux les chalands glissent flegmatiquement et sans que les vaches, baignées dans l’herbe du polder, cessent leur rêve intérieur pour les regarder passer, et dans ces soixante centimètres tient toute la Hollande.

Puis voici un délicieux David Teniers. Il pourrait s’intituler : Le départ du voyageur. Dans un pli