Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/201

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Je crois devoir épargner au lecteur les études descriptives consacrées aux autres pièces modernes de la galerie d’Ivan Tourgueneff qui comprenait trente-trois numéros réunis selon un goût propre, aussi libéral qu’avisé ! Il n’est pas douteux qu’il ne les eût peu à peu assemblés au hasard des promenades, sans aucune arrière-pensée de bénéfice ou de lucre, pour le plaisir de s’environner de bons lutins familiers aux heureuses influences. Ainsi l’on groupe dans son salon ou dans son « grenier » les causeurs avec qui l’on sympathise. Ivan Tourgueneff recevait donc en permanence, porte battante, Courbet, Français, Anastasi, Jeanron, Vallée, Guillemet, Calvès, Brissot qui lui parlaient de la mer, des bois et des pâturages. Vollon, Vincelet, Jeannin et Attendu lui disaient les fleurs, les fruits et les orfèvreries. Et il avait aussi son jour russe, ou plutôt son jour européen, pour ces jeunes colons de la France d’art, Alexis Harlamoff, Tatischef, Szyndler, Grimelund et Gegerfeldt avec lesquels il s’entretenait en russe, en polonais, en norwégien et en néerlandais, car il savait toutes les langues, de la gloire de ce Paris qui naturalise de lui-même les gens de talent de toutes races.

Une douzaine de toiles anciennes, toutes de l’école hollandaise ou flamande affirmait nettement encore par leur sélection le naturalisme presque exclusif du poète romancier. Voici dans quels termes j’avais analysé les principales.


Conrad Decker est un maître assez rare dont M. Louis Viardot a dit excellemment qu’il n’avait pas la place qu’il méritait et qu’il avait d’ailleurs occupée pendant sa vie. L’estime où on le tenait en