Je ne le défends pas davantage, et d’ailleurs il est mort. Le boulevardisme est fini, bien fini, et on désigne avec beaucoup de sens les causes de sa mort, quand on l’attribue à l’haussmannisation des boulevards d’abord, et ensuite au cosmopolitisme de la Ville Lumière. Entre Brébant et Tortoni, tous deux disparus, sur les cinq cents pas péripatétiques, la brasserie allemande a remplacé le café français, chassant la clientèle des derniers causeurs, pour y substituer celle des gens d’affaires, hâtifs, fiévreux, bousculés, bousculant, le front plissé par la chasse à l’argent. Plus de flânerie possible à travers les flots pressés de la cohue convulsive, où l’ami rencontré n’a pas une minute à vous donner ni à vous prendre, et se perd, rapide, après la poignée de mains sommaire. C’est désolant, me disait l’un des derniers philosophes de l’école, on ne rencontre plus personne ! On ne sait plus avec qui d’entre eux dire du mal de ses confrères !
Le cosmopolitisme est l’autre assassin de l’esprit parisien, cela n’est pas douteux. En quelques années, et les expositions universelles aidant à la besogne, il a vraiment dénationalisé la ville, et qui nomme Paris aujourd’hui dit beaucoup moins la capitale de la République française que le centre européen et la station hivernale de toutes les fortunes oisives des cinq mondes. La confusion des langues y règne dans la diffusion des usages et des mœurs, et la tour Eiffel la symbolise.
Sans être le louangeur sénile du temps passé que raille Horace, je regrette le boulevard d’antan et ses boulevardiers. Ils étaient plus utiles qu’on ne pense, les ironistes allègres et redoutés, équilibrés des